De nombreux enfants placés dans des familles d’accueil se sentent rejetés et ont décidé de s’exprimer enfin. Selon leurs témoignages, les familles refuseraient de les emmener en vacance, les isoleraient dans leur chambre la nuit, ou les maltraiteraient…
Selon un rapport déposé samedi dernier au gouvernement, plus d’un millier d’enfants qui ont été placés dans des familles d'accueil ont demandé à ce que l’on remédie à des pistes d’améliorations concernant leurs conditions de vie au sein de leur famille de placement. Suites aux nombreuses plaintes déposées, ces enfants demandent à pourvoir aller en vacances en famille, avoir la permissions d’aller à des sorties culturelles, et bien d’autres cas encore qu’il faudrait surveiller de près sur leur quotidien.
La majorité des mineurs qui ont été confiés à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) se plaignent du fait qu’on ne prenne pas assez en compte leurs avis selon Gautier Arnaud-Melchiorre, auteur de cet avis. Un enfant de 26 ans, anciennement placé, a témoigné lors de l’émission La Maison des Maternelles le vendredi 19 novembre dernier pour soulever et affirmer les faits. Après avoir fait le tour des foyers et familles d’accueil en France et rencontré plusieurs milliers d’enfants, il en a conclu que c’était les lieux d'accueil qui se devaient de s’adapter aux enfants recueillis et non l’inverse.
Le rapport de Gautier doit être remis ce samedi au secrétaire de l’Etat à l’Enfance, accompagné de 240 enfants de l’ASE. Il emmènera avec lui une « charte des droits des enfants protégés » qui proclame en premier point : « j’ai le droit d’être un enfant ou un adolescent comme les autres »
Les différents varient fortement selon les lieux d'accueil et les départements qui sont chargés de les financer. Beaucoup de professionnels se sont engagés à améliorer les choses, certes, mais les mineurs subiraient des dysfonctionnements qu’ils qualifient de « majeurs ». Il a soulevé des actes d’abus sexuels initiés par d’autres mineurs, de ruptures traumatisantes ou même des actes de prostitution.
Notre homme propose donc quelques points d’améliorations qui semblent anodins sous la forme, mais fondamentales dans le fonds. Il a proposé par exemple, à ce que l’on octroie plus d’argent de poche aux enfants afin de réduire les stigmatisations ou le sentiment de honte, leur permettant ainsi de s’acheter des vêtements ou encore d’aller chez le coiffeur. Aussi ils ne devraient plus être ramenés à l’école dans les camionnettes aux couleurs du foyer social.
Dans d’autres cas, toujours selon leurs témoignages, les enfants se sentent écartés et souffrent au quotidien. Leur famille d’accueil refuse de les emmener en vacances ou les oblige à effectuer des tâches ménagères très lourdes, les confine dans leur chambre en soirée, les humilient et bien d’autres cas de figures alarmantes encore. Certains ont aussi souligné le fait qu’on interdise leur éducateur à s’attacher à eux, ce qui provoque un sentiment d’isolement profond en eux.
Adrien Taquet a évoqué sur France Inter un projet de loi de protection de l’enfance qui devrait arriver au Sénat en Décembre. Il a indiqué qu’il serait probable d’y intégrer plusieurs points de ce rapport par amendements parlementaires.
Par ailleurs, le rapport recommande aussi fortement une amélioration des formations des professionnels sur l’initiation à la sexualité aux adolescents et de permettre à ces jeunes d’expérimenter leurs vies sexuelles autrement que dans les « squats ».
De son côté, la loi devra organiser la fin des « sorties sèches » de l’ASE, faisant référence aux jeunes qui sont « éjectés » du jour au lendemain lorsqu’ils atteignent leur majorité. Le gouvernement avait annoncé fin septembre dernier que l’Etat allait aider financièrement l’assistance de ces jeunes qui auraient fraîchement atteint leur majorité.